Les erreurs au poker

Voici une liste d’erreurs évitables des joueurs de poker débutant.

1.Ne pas faire attention

Tout le monde aime commenter les coups joués, comment untel a lu le jeu de l’autre, etc. Mais pour le faire, il faut déjà au moins faire attention à tout ce qui se passe à la table ! Sur Internet, une erreur commune, c’est de ne pas faire attention. Il en découle bien évidemment des choix stratégiques erronés qui peuvent coûter cher.

Voilà une liste non exaustives des distractions des joueurs sur Internet :

 lire ses mails

 téléphoner

 regarder la télé

 jouer à plusieurs tables

 surfer sur le web

 parler à quelqu’un

 etc.

Pour devenir meilleur et même bon, il faut créer un environnement propice à observer finement les moindres faits et gestes de vos adversaires. Savoir identifier des comportements qui se répètent chez un joueur n’est déjà pas une tâche facile dans l’absolu. Evitez les distractions pour vous donner toutes les chances de gagner !

Il est tentant de jouer un peu comme un robot en ne tenant compte que des cartes que l’on reçoit. Cela fait du reste ses preuve car de nombreux joueurs sont gagnants en jouant de la sorte sur plusieurs tables à la fois. Ce style ne maximise toutefois pas vos gains et ne rend pas service à votre niveau de poker. Vous croyez acquérir de l’expérience alors que vous avez tendance à ferrer votre style et à devenir trop prévisible. Vous devez enregistrer et prendre en compte TOUS les comportements des joueurs de la table pour prendre vos décisions. Faites donc en sorte que votre atmosphère permette d’arriver à cet objectif.
Plus vous en saurez sur une table, plus vous maximiserez vos gains. C’est aussi simple que cela.

Que faut-il donc faire pratiquement pour être concentré sur la table ? Lisez vos mails avant d’ouvrir votre application de poker favori, mettez la télé dans une autre pièce. Eteignez votre portable !

Si possible, prévoyez des plages horaires dédiées en dehors de votre vie sociale.

Ne pas faire attention peut expliquer pourquoi un joueur médiocre n’est pas bon. Prenons des exemples. Vous êtes en position intermédiaire avec AJ.gif et votre voisin de droite relance. Ce devrait normalement être une bonne raison de se coucher. Mais qu’en serait-il si vous saviez qu’il relance 7 mains sur 10 à cette table ? Vous n’avez pas noté ce fait car vous étiez occupé à regarder les infos. Vous perdez sans doute une bonne raison de le relancer.

D’autres cas sont un peu moins évidents. Vous savez par exemple que tel joueur ne fait jamais de check-raise. Il mise toujours quand il a du jeu et check quand il n’a rien. Si vous aviez fait attention à cela, vous vous seriez couché plus souvent avec un jeu très moyen quand il aurait misé cette fois, ou vous auriez misé si il avait checké. Cette information importante ne doit pas échapper à un bon joueur.

La prochaine fois que vous vous assierez à une table, concentrez-vous attentivement pendant 10 minutes et posez-vous ces questions :


 qui joue en serrure avant le flop et qui joue loose ?

 y a-t-il à cette table des joueurs loose aggressifs ?

 qui sont les serrures avant le flop et qui suivent tous leurs tirages ?

 quels sont les deux meilleurs joueurs de la table ?

Dix minutes d’analyse suffisent en général pour répondre à ces questions de base. A partir de cette première impressions, établissez une fiche par joueur. Sachez reconnaître des comportements récurrents : qui abuse du check-raise, qui slowplay à outrance, qui fait trop de semi-bluffs. J’aime comparer l’apprentissage du Hold’Em à celui d’une langue étrangère. On croit toujours la connaître assez bien pour se prétendre bilingue, et c’est alors que l’on découvre une nouveauté qui vous rend à nouveau humble. En progressant, on arrive à évaluer les tendances des autres joueurs plus facilement et plus rapidement.

2. Jouer à une table incomplète (“shorthanded”)

Les tables peu peuplées (“short handed”) sont les plus profitables au poker. Mon taux de rentabilité a toujours été plus élevé qu’à une table pleine (“full ring”). Il y a deux raisons qui l’expliquent : les bons joueurs ont un plus gros avantage contre quelques adversaires seulement, et vous jouez plus de main, donc vous profitez d’autant plus de l’analyse que vous faites des autres joueurs.

Détaillons un peu ces deux points. Il faut être meilleur à une table peu peuplée par rapport à une table pleine. Comprendre les réactions et les attitudes des autres joueurs est bien plus important. A un table pleine, il suffit en général d’avoir un jeu fort et le faire payer. Entre quelques joueurs, la situation change car vous ne pouvez vous payer le luxe d’attendre as.gif

Les blinds se payent beaucoup plus souvent puisque vous êtes plus souvent le donneur par heure qu’à une table pleine, il vous faut donc savoir jouer vos mains faibles. La grande partie des profits se fera sur la connaissance de vos adversaires.

A une table de 100, vous serez distribué environ 70 mains par heure. A une table non plein, cela peut monter à 120. Ces 50 mains en plus donnent l’avantage au bon joueurs par rapport à ses adversaires. Il en résulte donc un taux de rentabilité horaire accrue d’une façon conséquente.
Vous l’aurez compris, je vous conseille de jouer à des tables non remplies plutôt qu’à des pleines. Elles sont plus profitables, certes, mais pas pour les débutants ! Ceux-ci se font régulièrement crucifier par manque d’expérience. De temps en temps ils touchent une main forte qui gagne un gros pot, mais sur le moyen terme les bons joueurs les détroussent…

Une grande erreur est donc de jouer à une table entre quelques joueurs meilleurs : comme les mains distribuées sont plus nombreuses, cela accélère les pertes, et donc l’atteinte à la bankroll. Ces fluctuations rapides poussent souvent les débutants à passer en mode “tilt” et perdre encore davantage.

3. Bluffer trop souvent

Il n’y a rien de plus excitant à une table de poker de réussir un gros bluff. Pour le joueur, le Graal perpétuel, c’est de gagner avec la main la moins forte. Cette jouissance provient du fait de surpasser l’adversaire, d’être le meilleur.

Malheureusement, bien trop de joueurs créent eux-mêmes des situations problématiques en bluffant plus que de raison. C’est encore du reste plus vrai sur Internet qu’en live. Trop bluffer sur Internet n’est pas rentable, en particulier aux petites tables où souvent l’on va jusqu’à l’abattage.

Il y a deux raisons de bluffer au poker. La première, c’est évidemment de remporter le pot immédiatement. Lorsque l’on joue contre des adversaires observateurs, il faut poser un bluff de temps en temps pour escompter de l’action la prochaine fois que vous aurez un jeu fort. C’est, je pense, ce qui fait le succès du jeu d’un champion comme Gus Hansen. Il gagne et perd énormément avec ses bluffs. A bluffer autant, il est souvent suivi quand il a un jeu fort. Si vous ne bluffez jamais, vous ne rentabiliserez pas beaucoup vos jeux forts, alors qu’un bluffeur réputé sera souvent déjoué. Il s’agit donc d’une combinaison entre le gain immédiat et le gain « publicitaire » qui font que les bons bluffs sont si profitables.

Ayez en tête cependant que le poker sur Internet est bien different du poker live par bien des aspects. Sur Internet, le côté « publicitaire » est peu valorisé, d’abord car les joueurs sont moins attentionnés et qu’ils ne retiendront peut-être même pas votre coup, ensuite car vous ne jouez jamais très longtemps avec les mêmes joueurs à la même table. Vous essayez un bluff et un quart d’heure après, il y a quatre nouvelles têtes à la table. C’est donc plus l’exception que la règle que de trouver un intérêt à placer un bluff publicitaire sur une table du net.

De plus, sur Internet, les bluffs ne sont attachés qu’au seul coup en cours. En résumé, bluffer est moins intéressant et moins profitable sur Internet qu’en live.

Et pourtant, trop de joueurs usent du bluff à outrance sur le net. Il y a deux raisons à cela. Tout d’abord, l’environnement virtuel pousse les joueurs à jouer plus « lâche » car il ne s’agit pas de vrais jetons concrets. Il est plus facile d’avoir le courage de placer un bluff qu’en live. Le fait de cliquer sur le bouton de la souris facilite aussi le bluff car en live, il y a toute une gestuelle pour déplacer ses jetons (et pour égaliser le bluff donc aussi).
Ce détachement de la réalité incite les joueurs à bluffer plus sur le net qu’en live.

En réalité, à une tables à faibles limites, les opportunités de placer un bon bluff sont rares. Les meilleurs endroits pour bluffer sont les tables avec peu de joueurs dont la limite est plus haute. Il y a bien sûr des cas où le bluff est le meilleur move à faire, mais soyez très précautionneux.

4. Jouer au-dessus de ses moyens

Un bon joueur qui gagne un gros pot par heure joue 100 heures sur le table $2-$4, il peut gagner $2 000, mais il peut aussi en perdre $1 000 sans plus mal jouer. Ce même joueur peut jouer 1400 heures et perdre quand même. Il peut perdre alors même qu’il est normalement vainqueur sur le long terme. C’est ça le facteur chance !

Voyons les choses sous un autre angle : un joueur pauvre qui devrait *normalement* perdre $4 par heure peut très bien en gagner $1000 sur une période de 100 heures en étant très chanceux !

Qu’en pensez-vous ?

Comme vous vous en doutez, la notion de “long terme” peut durer longtemps quand on parle de la chance/malchance au poker. Il est donc essentiel de bien comprendre la notion de fluctuation au Hold’Em pour rentabiliser votre temps de jeu et pour rendre le jeu plus plaisant. Vous devez savoir manager votre bankroll (=« argent que vous pouvez vous permettre de perdre sans mettre en péril votre compte en banque ! »).

Il vous faut trouver une hauteur de table qui convient avec votre bankroll. Si vous jouez au-dessus de vos moyens, vous allez tout perdre. Certaines personnes renflouent leur compte de poker en ligne quand il est vidé pour continuer à jouer au-dessus de leurs moyens, mais ils leur manquent la confiance, et surtout la sérenité, pour gagner.

Beacoup de joueurs débutants jouent au-dessus de leurs moyens, ou plus exactement de leur bankroll. Certains ont la chance des débutants et sont confortés dans leur choix de hauteur de table et pensent avoir trouvé celle qui leur convient. Toutefois, beaucoup en souffriront les conséquences et perdront tout, et ne penseront qu’à une chose, comment trouver de l’argent frais et de le réinjecter dans le poker dans l’espoir vain de se refaire…

Combien faut-il pour jouer au poker ?

Comme pour toutes les questions concernant le poker, la réponse est la même : ça dépend !
Etes vous un bon joueur ? Quel est votre style de jeu ? Quels sont vos variantes de prédilection ? Bien évidemment, si vous êtes mauvais, il n’y aura jamais de montant de bankroll optimale. Les joueurs intermédiaires n’ont pas besoin d’une énorme bankroll car les variations qu’il rencontrera ne sont pas aussi grandes qu’un joueur moins bon. Les joueurs loose aggressifs ont besoin d’une forte bankroll, plus grande qu’un joueur conservateur car ils rencontrent des fluctuations susceptiblement plus importantes dans les deux sens. Si la table est loose, il vous faudra une forte bankroll, plus grande qu’à une table tight.

Pour la moyenne des joueurs, compter 350 gros blinds pour une bankroll honorable. Un bon joueur ne devrait pas pouvoir arriver à 0 avec cette somme. Bémol : cela prend du temps et de l’argent pour devenir bon joueur. Je conseille aux débutants de commencer avec un somme supérieure.

Un autre critère pour définir la bankroll qui vous correspond, c’est le degré de risque que vous serez prêt à prendre de tout perdre. Si vous pouvez vous permettre d’augmenter le risque de tout perdre de 5%, jouez avec une bankroll moins élevée.

Une autre stratégie consiste à monter de limite quand on est gagnant, et de descendre à une table inférieure quand les choses tournent mal. L’inconvénient majeur, c’est que beaucoup de joueurs n’ont pas l’humilité et l’autodiscipline pour changer de catégorie. Qu’il est dur de descendre de limite dès lors que vous prenez conscience que vous allez peut-être tout perdre si vous ne changez pas de table ! En plus de cela, en changeant, cela vous prendra bien plus de temps pour récupérer de vos pertes. En tous les cas, soyez discipliné et cette stratégie est valable, voire très conseillée.

Mon conseil est d’avoir toujours entre 250 et 400 gros blinds selon vos capacités à accepter le risque de tout perdre, et à savoir changer de limite de table quand il le faut.

Si vous démarrez, commencez avec 500 gros blinds pour pouvoir être à même d’encaisser les « swings » (=variations) pendant votre période d’apprentissage avant de monter en niveau. Comme pour tout vous devez mettre sur pied un plan avec des objectifs chiffrés. Prévoyez un plan B si les choses commencent à mal tourner.

La pire erreur c’est de jouer trop cher pour sa bankroll. Tout perdre et on ne joue plus. Si vous pouvez vous le permettre, prenez votre chance.

5. Vouloir revenir à jeu coûte que coûte

La grande majorité des joueurs de poker n’ont que des objectifs à court terme. Ils prennent place à une table et ils veulent gagner TOUT DE SUITE ET MAINTENANT ! Ils n’arrivent pas à quitter la table en étant grand perdant. Ca les tue ! Combien de fois êtes-vous resté à jouer pour tenter de revenir à jeu ? Vous souvenez-vous toujours depuis combien de temps vous vous escrimez à remonter ?

Malheureusement, ce comportement nuit gravement à la qualité du jeu. Se mettre en position de vouloir revenir à jeu, c’est se mettre en position de perdant. C’est encore plus vrai si vous avez sommeil. Vous jouez alors les mains de trop avec le seul espoir de toucher LA main qui vous fera remonter. Sur le flop, vous avez un maigre tirage mais vous suivez quand même les mises dans l’espoir insensé de toucher LA carte salvatrice. Vous vous dites « allez, ce n’est pas une mise de plus qui va me tuer » et vous suivez au tournant. Vous voilà dans une situation ou votre espérance de gain est négative. Vous le savez MAIS vous voulez rejoindre votre lit avec au moins la satisfaction de n’avoir rien perdu ce soir. Le plus souvent, vous ne faites que creuser davantage le trou de vos pertes…

Voici mon conseil pour ceux qui se reconnaissent dans les précédentes lignes : pous pourrez toujours reprendre demain ou après. Sans verser dans la philosophie à deux sous, le poker est un jeu continuel qui ne s’arrête jamais. Raisonner en terme de cessions ou semaines met souvent de mauvaise humeur. Pour jouer de manière optimale, il faut penser « long terme ».

Moi j’aime regarder mes résultats mensuels.

Le grand avantage du poker sur Internet, c’est qu’il y a toujours joueurs et des tables quelle que soit l’heure du jour et de la nuit. Quand vous commencez à vous dire que vous feriez mieux d’arrêter pour aujourd’hui mais qu’il vous faudrait avant de partir gagner un dernier pot, arrêtez ! C’est une décision simple quand on y pense.

Conclusions

 Soyez concentré et sachez catégoriser les joueurs pour vous aider à prendre les bonnes décisions.

 jouer à une table peu peuplée est un jeu à part en soi, avec ses propres stratégies, qui nécessite beauoup d’expérience. Je conseille donc au débutant de ne s’asseoir qu’à des tables pleines.

 Retenez-vous bien de céder au bluffs faciles ! Comme il y a plus de bluffeurs dans les salles de poker en ligne, il est plus courant d’égaliser une relance de bluff qu’en live. Vous devrez être très prudent avant de vous lancer dans un bluff.

 Si vous voulez continuer à jouer régulièrement pendant, disons, des années, sachez gérer votre bankroll comme un comptable

 Admettez-le quand vous êtes dans un mauvais jour, et sortez du jeu.